Il faut sauver les trains de nuit — et avec eux l’avenir ferroviaire Français !

Hier, mercredi 5 novembre, des dizaines de militant·es, d’usager·es et de cheminot·es se sont rassemblé·es devant la gare de l’Est à Paris pour dénoncer l’abandon programmé du train de nuit Paris – Berlin – Vienne. Organisée par le collectif Oui au train de nuit, cette manifestation s’est tenue afin d’alerter sur la suspension effective de cette ligne d’ici le 13 décembre.

En effet, deux ans après son lancement (en décembre 2023 donc), l’Etat a décidé de supprimer la subvention d’aide au lancement, faisant tomber l’équilibre financier de cette liaison. Cette aide au lancement est nécessaire d’autant plus que la SNCF refuse de jouer le jeu en ne vendant pas sur sa plateforme (SNCF Connect) cette liaison en train de nuit.

Cette subvention, de 5,5 millions d’euros, est vitale et n’est pas un effort insurmontable, loin de là. Surtout quand on sait les bienfaits du train de nuit aussi bien socialement qu’écologiquement.

Quelle image désastreuse que serait la fermeture de cette liaison deux ans à peine après son lancement et une popularité indéniable : en 2024 ce sont plus de 66 000 voyageurs qui ont emprunté ce train et là aussi, malgré bon nombre de problèmes liés aux infrastructures et au canal de distribution de la billettique.   

Les trains ne sont pas un luxe : ils représentent des alternatives à l’avion, relient des territoires souvent oubliés, et s’inscrivent dans une logique écologique de report modal. Or, la dernière liaison internationale au départ de la France risque de fermer !

Alors que la plupart des capitales européennes sont reliés entre elles par des liaisons ferroviaires, en France nous faisons tout l’inverse. La Suisse et la Suède inauguraient l’ouverture de la ligne Bâle – Malmö, nous nous mobilisons pour éviter la fermeture de la dernière ligne internationale. C’est une véritable catastrophe et montre bien que la direction prise par ce gouvernement est à rebours de tout. 

Le lien avec le projet de loi de finances (PLF 2026) du gouvernement Sébastien Lecornu est clair : malgré un engagement officiel d’« ambition pour les transports » dans ce budget, l’offre des trains de nuit est traitée comme une variable d’ajustement. 

Le PLF affirme « près d’1 milliard d’euros d’autorisations d’engagement pour de nouveaux matériels roulants et la modernisation de l’offre de trains de nuit » mais dans le même temps, les lignes sont menacées de disparition, faute d’aide renouvelée. Cette contradiction montre bien le hiatus entre discours et réalité.

Cela est d’autant plus vrai que la seule tranche de commande ferme pour le moment permet juste un renouvellement du matériel existant mais en aucun cas à renforcer l’offre que ce soit en termes de fréquence comme en termes de liaisons. Il faut donc déclencher cette deuxième tranche permettant de monter à 340 voitures couchettes.

La fréquentation des trains de nuit a explosé ces dernières années. Ce sont plus d’un million de personnes qui les ont empruntés ! Sur l’axe Paris-Toulouse l’augmentation est de +64% entre 2019 et 2024 par exemple.

Il y a donc un vrai attrait des français envers le train de nuit ! Le train de nuit attire aussi bien des passionnés de train, mais aussi des familles, des pros, etc. Il s’adresse à toutes les couches sociales de notre pays.  

Alors oui c’est un choix politique de développer les trains de nuit, véritables alternatives à la voiture mais surtout à l’avion. 20 fois moins polluant par passager, il est LA solution au déplacement lointain. Alors, est ce que l’on continue de subventionner l’avion de manière déraisonnée ou est ce que l’on décide d’investir dans l’avenir et un mode de transport écologique ?

Monsieur Lecornu, votre budget tient son piège : « relancer » quand on coupe, « moderniser » quand on supprime. Pendant ce temps, ce sont les usager·es, les territoires et le fret ferroviaire qui trinquent.

Nous exigeons non pas des promesses, mais des actes : maintien des subventions, commande de matériel, ouverture de nouvelles lignes, et arrêt de la logique du « service minimum ».