Fin de vie : ne plus opposer aide à mourir et soins palliatifs

Alors que l’Assemblée nationale débat de l’aide à mourir, une opposition récurrente ressurgit : celle entre suicide assisté, euthanasie et soins palliatifs. Une fausse alternative que La France insoumise refuse, au nom du respect de la dignité et de la liberté des patient·es.

L’aide à mourir n’est pas l’ennemie des soins palliatifs

Certains opposant·es à la légalisation de l’aide à mourir considèrent que celle-ci n’est demandée que parce que l’accès aux soins palliatifs est insuffisant. Or, l’un n’exclut pas l’autre. La mort médicalement assistée peut s’inscrire dans un projet de soins global, aux côtés des soins palliatifs, sans les remplacer.

Comme le rappelle le Code de la santé publique, les soins palliatifs visent à “soulager la douleur, apaiser la souffrance psychique, sauvegarder la dignité de la personne malade et soutenir son entourage.” Quand ces soins ne suffisent plus, l’aide à mourir devient une réponse ultime à des souffrances réfractaires.

Une réalité médicale : la souffrance peut persister malgré les soins

Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a confirmé cette réalité dans son avis n°139 : même avec une prise en charge palliative de qualité, 9 % des patient·es expriment un souhait de mourir et 3 % une demande d’euthanasie. Des chiffres bas, mais significatifs.

La tribune de 90 soignant·es publiée dans Le Monde en septembre 2023 est éloquente : “L’aide active à mourir doit s’inscrire dans le champ du soin.” Une position partagée par Régis Aubry, membre du CCNE : l’acte létal n’est peut-être pas un soin en soi, mais il peut répondre à une exigence éthique si intégré à un accompagnement palliatif renforcé.

Une offre palliative encore trop inégale

La France compte aujourd’hui 11,1 lits de soins palliatifs pour 100 000 habitant·es. C’est bien mieux qu’en 2007, mais encore insuffisant : la Cour des comptes estime que seuls 48 % des besoins sont couverts. La situation est plus préoccupante pour les enfants et dans les Ehpad, où la formation du personnel est encore trop lacunaire.

Face à l’agonie prolongée, la société doit répondre

Certaines personnes, bien que suivies en soins palliatifs, demandent à mourir face à des souffrances inapaisables et un pronostic vital non engagé à court terme. Le cas du vétérinaire relaxé en 2022 pour avoir aidé un ami atteint de la maladie de Charcot le prouve : ces situations existent déjà. Il est temps d’y répondre autrement que par l’hypocrisie.