J’ai voté POUR : encadrer l’aide à mourir, c’est reconnaître la liberté et la dignité de chacun.e

Aujourd’hui, l’Assemblée nationale a voté deux textes essentiels : l’un sur les soins palliatifs, l’autre sur l’aide à mourir. Le second a suscité des débats intenses, tant il interroge notre rapport à la vie, à la souffrance, à la mort. J’ai voté pour. Parce que cette loi est encadrée. Parce qu’elle ouvre un droit. Parce qu’elle répond, enfin, à des situations de détresse humaine aujourd’hui laissées sans solution.


Un texte encadré, équilibré, sécurisé

Oui, l’aide à mourir soulève des inquiétudes. Et je les comprends. C’est justement pour cela que nous avons travaillé à sécuriser cette loi. Le texte repose sur des critères médicaux stricts et cumulatifs : maladie incurable, pronostic vital engagé, souffrances insupportables, discernement éclairé du patient. Ce n’est ni une porte ouverte, ni un “droit au suicide”.

La notion de pronostic vital engagé a été maintenue, ce qui distingue la France de pays comme le Canada. La Haute Autorité de Santé recommande d’ailleurs d’encadrer encore davantage la notion de “phase avancée” : nous y sommes favorables.


L’existant ne suffit plus : c’est un fait

La loi Claeys-Leonetti (2016) permet la sédation profonde et continue jusqu’au décès. Mais elle ne répond pas à toutes les situations. Elle s’applique uniquement quand la mort est imminente. Et elle ne soulage pas toujours toutes les souffrances. Le Comité consultatif national d’éthique, la Cour des comptes, la Convention citoyenne, le CESE, l’Académie de médecine : tous reconnaissent que le cadre actuel laisse des patient·es sans réponse.

Comme l’énonce l’Académie de médecine :

Ce n’est pas un texte qui pousse à mourir, c’est une loi qui encadre l’existant

Les demandes d’aide à mourir sont rares. Dans les pays où cette aide est légale, elles concernent entre 1 % et 5 % des décès. La majorité des personnes accompagnées en fin de vie ne demandent pas à mourir. Cette loi ne crée pas le besoin, elle reconnaît et encadre des cas exceptionnels, déjà existants, parfois clandestins ou exilés.

Le fantasme du suicide imposé aux plus précaires : une crainte, mais pas une réalité

Certain·es craignent que la loi pousse à la mort les plus précaires, les plus isolé·es, les plus handicapé·es. C’est une alerte légitime, dans un pays qui démantèle les services publics et maltraite les personnes vulnérables. Mais ce n’est pas ce que disent les données internationales.

  • Au Canada, les personnes les plus riches sont plus susceptibles de recourir à l’aide à mourir que les plus pauvres.
  • Une étude de 51 juridictions montre que les demandes sont moins fréquentes chez les femmes, les personnes non diplômées, les célibataires ou les personnes âgées.
  • La demande reste minoritaire et concentrée chez les patient·es les plus informé·es, les plus suivi·es, les plus soutenu·es.

Et ici, en France, la loi prévoit des garde-fous puissants : évaluation du discernement, accès garanti aux soins palliatifs, possibilités de réorientation, clause de conscience, commission de contrôle…

La liberté de décider de sa mort quand la vie n’est plus vivable

L’aide à mourir n’est pas un droit au suicide. C’est un droit à ne pas subir l’agonie quand la médecine ne peut plus rien, quand la souffrance est sans remède, quand la personne demande librement et lucidement à partir.

Personne ne doit décider à la place d’un·e autre si sa vie vaut encore d’être vécue. La volonté du patient – libre, éclairée, réitérée – est la seule autorité légitime.

Mourir dans la dignité, c’est un droit humain

Je suis attaché à l’idée que chacun·e, quelle que soit son origine, sa croyance, sa condition, puisse décider librement de sa fin de vie, dans le respect de ses valeurs et de sa dignité. La mort fait partie de la vie. Elle doit pouvoir être choisie, accompagnée, apaisée.