Durant près de deux jours, nous avons étudié la loi portée par le ministre des Transports, Philippe Tabarot, appelant au renfort de la sûreté dans les transports.
Le sentiment d’insécurité dans nos transports est une réalité, et les chiffres sur ce ressenti, tout comme les incivilités, sont en constante augmentation depuis quelques années. Cependant, l’explication de cette hausse est assez simple, et nous aurions pu espérer que cette loi y réponde. Malheureusement, la droite, appuyée par l’extrême droite, s’est adonnée à un jeu puant, votant des amendements ultra-sécuritaires dans une surenchère malsaine, dont l’efficacité sera nulle, voire même empirera la situation.
La déshumanisation des gares et des trains est la seule responsable de cette hausse de l’insécurité ! D’année en année, de coupes budgétaires en coupes budgétaires, nous avons vu nos gares, nos bus, nos lieux d’attente se vider de leurs guichets, remplacés par des automates, la disparition des contrôleurs au profit d’opérations coup de poing sporadiques, la suppression des équipes de sûreté ferroviaire, jugées trop coûteuses, et plus largement, l’abandon de la présence humaine.
À l’opposé, on a vu exploser le nombre de caméras, le nombre d’automates, et les panneaux d’affichage nous expliquant la bonne conduite à tenir dans le bus, dans les gares et dans les trains. Alors oui, nous aurions pu espérer l’annonce de l’arrêt des suppressions de postes dans les transports et, au contraire, des recrutements massifs pour redonner une présence humaine significative. Les caméras n’ont jamais permis de réduire les agressions ! Au mieux, elles permettent d’identifier l’auteur des incivilités, mais le mal est déjà fait. Au pire, elles coûtent une fortune pour rien !
Nous aurions pu espérer des moyens supplémentaires pour améliorer nos transports, assurer leur ponctualité et réduire drastiquement les suppressions.
Nous aurions pu espérer du bon sens, tout simplement. Malheureusement, au contraire, il n’y a eu aucune annonce de budget supplémentaire pour renforcer les effectifs humains, pas même un plan de formation, alors que les pouvoirs des agents de la SUGE, du GPSR et de la sécurité privée évoluent énormément avec des risques immenses de dérives !
Nous avons eu droit à une salve de mesures répressives, coercitives et totalement déconnectées de la réalité ! Une loi faisant la part belle aux sociétés privées, au détriment des entreprises historiques, qui possèdent pourtant un vrai savoir-faire et une expertise reconnue par toutes et tous. Un texte honteux, loin de répondre aux attentes des usagers, et qui marque, une fois de plus, un rendez-vous manqué.
Quelques mesures adoptées pour illustrer l’absurdité de cette loi :
- Augmentation des contraventions pour abandon de bagages, qui s’élèvent désormais à 3 750 €.
- Suppression des références au « genre » dans le cadre des palpations, empêchant les individus de choisir la personne chargée de l’examen.
- Autorisation pour les agents de sécurité privée d’accéder aux salles de contrôle de vidéosurveillance.
- Extension aux agents de sécurité RATP et SNCF du même droit de légitime défense que la police. Ce droit, déjà contesté en raison de ses zones floues et des drames qu’il a causés ces dernières années, est ainsi élargi.
- Autorisation de l’usage du taser pour les agents de la SUGE et du GPSR.
- Introduction de caméras frontales pour les tramways filmant la voie publique, impliquant une captation massive de données et des risques d’atteinte à la vie privée.
- Prolongation de l’expérimentation de la vidéosurveillance algorithmique jusqu’au 31 décembre 2027 (initialement prévue pour s’achever au 31 mars 2025). Une logique classique : on expérimente, on proroge, puis on finit par adopter définitivement des mesures liberticides.
- Criminalisation du fait d’entraver la circulation des tramways, y compris par inadvertance.