Depuis plusieurs jours, le débat fait rage entre les antis et les pro taxe Zucman.
Il faut dire que nos ultras riches ont bien compris que la population en avait marre de voir leur pouvoir d’achat se réduire à peau de chagrin, voir leurs conditions de travail de plus en plus compliquées, voir leur retraite repoussée de deux ans et dans le même temps, voir nos ultras riches faire des records de dividendes.
Il va falloir qu’ils passent au tiroir-caisse et ils l’ont bien compris !
D’ailleurs, depuis cette prise de conscience, nos grands puissants sortent du bois et squattent les plateaux TV marquant une profonde fracture dans la société mais aussi l’énergie avec laquelle certains sont prêts à défendre 1,800 foyers fiscaux qui seraient soumis à cette taxe ! Lunaire…
La taxe Zucman propose un impôt plancher de 2 % sur le patrimoine des ultra-riches, afin de corriger une injustice : les milliardaires, grâce à des holdings et montages fiscaux, ne contribuent qu’à hauteur de 0,5 % maximum de leur fortune, bien moins que le reste de la population. La mesure, ciblant environ 1 800 foyers fiscaux, rapporterait 15 à 20 milliards d’euros.
Ses opposants agitent le spectre de l’exil fiscal et du frein à l’investissement, mais ces critiques ne résistent pas à l’analyse : les cas de départs sont marginaux, la taxe prévoit un bouclier anti-exil sur cinq ans, et le paiement en titres d’entreprise permet de préserver l’activité.
Déjà adoptée deux fois à l’Assemblée en 2025 et soutenue par de nombreux économistes, dont plusieurs prix Nobel, elle répond à une urgence : face à la concentration extrême des richesses, il est légitime que les plus fortunés contribuent à hauteur de leurs moyens, conformément au principe d’égalité devant l’impôt.
Le constat à l’origine de cette idée est clair : les milliardaires, en France comme ailleurs, ont recours à des sociétés-écrans et à l’optimisation fiscale pour réduire drastiquement leur contribution. Leur taux d’imposition effectif se situe aujourd’hui entre 0 et 0,5 % de leur patrimoine, bien en dessous de celui du reste de la population. Ils ne paient donc pas leur juste part d’impôt. Les impôts acquittés par les ménages sont dégressifs à partir des 0,1% les plus riches.
La taxe Zucman consiste donc en la mise en place d’un impôt plancher sur la fortune qui s’applique sur le patrimoine des personnes physiques.
Cet impôt s’appliquerait aux personnes domiciliées en France depuis plus de 5 ans, dès lors que leur fortune totale est supérieure à 100M€ ainsi qu’aux personnes domiciliées en France depuis moins de 5 ans et domiciliées hors de France, dès lors que la valeur totale des biens situés en France est supérieure à 100M€ (qui sont alors les seuls biens pris en compte dans le calcul de l’impôt).
Le montant de cet impôt (qui n’est appliqué que s’il est positif !) est de 2% de la fortune ainsi calculée, minoré des montants déjà versés par le contribuable en :
● Impôt sur le revenu,
● Impôt sur la fortune immobilière,
● Contribution sociale sur les revenus d’activité et sur les revenus de remplacement,
● Contribution au remboursement de la dette sociale,
● Contribution sur le revenu fiscal de référence du foyer fiscal
Ainsi, soit ils paient moins de 2% de leur patrimoine en impôts divers, auquel cas ils versent la différence (par exemple, si la totalité des impôts d’une personne fortunée représente 1,5% de son patrimoine, cette dernière verse donc en complément 0,5% de sa fortune par cet impôt). Soit le total est supérieur à 2 % et dans ce cas, rien n’est dû.
Cette taxe toucherait environ 1800 foyers fiscaux (soit environ 4 000 personnes) et rapporterait entre 15 et 25 milliards de recettes !!!

Face à ça, les économistes de plateaux et autres trompettes, nous expliquent que cette taxe va ruiner l’économie, que les ultras riches vont fuir et moins investir mais qu’en plus ils n’auraient pas les moyens de payer car ce sont des actions et donc non de la monnaie sonnante et trébuchante sauf que dans les faits…
Une étude de juillet 2025 du Conseil d’analyse économique (CAE), démontre que la hausse de la fiscalité sur les plus riches n’a que très peu d’effet sur l’exil fiscal. La conclusion des chercheurs en est d’ailleurs la preuve : « Une augmentation de l’imposition des hauts patrimoines d’un point de pourcentage [de revenus du capital] engendrerait chaque année une diminution de la population de hauts patrimoines résidant fiscalement en France de 0,003 à 0,03 %. ».
Enfin, l’expatriation des plus riches ne signifie en rien le départ des forces productives, simplement un changement de domiciliation fiscale. L’effet négatif de l’expatriation des riches pour l’économie française est estimé d’environ :
- 0% à -0,03% pour le chiffre d’affaires des entreprises.
- 0% à -0,04% pour l’emploi total.
- 0% à -0,05% pour la valeur ajoutée totale de l’économie.
Cette influence est donc totalement négligeable par rapport à ce que rapporterait la taxe Zucman.
Et pour contrecarrer tout de même ces potentiels effets négatifs, la taxe prévoit un bouclier anti-exil qui maintient l’imposition pendant 5 ans après un départ. Donc… no stress !
Vient ensuite la question des biens professionnels qui est la technique principale d’optimisation utilisée par les ultra-riches en mettant leurs actions dans des holdings et ainsi échapper à l’impôt. Comme ce sont ces holdings qui possèdent les placements et touchent les dividendes, on ne peut pas taxer les riches qui en sont propriétaires, car ils ne touchent rien. Beaucoup aujourd’hui demandent d’enlever les biens professionnels de la taxe Zucman mais si l’on fait cela, en réalité cela reviendrait à vider totalement cette taxe de sa substance (Et oui, un riche ça réfléchit…) !
Les exemples de Doctolib ou de Mistral AI sont souvent mis en avant comme exemple d’entreprise à la forte valorisation, mais qui ne dégage pas ou peu de bénéfices.
Alors voyons ça d’un peu plus près :
Lorsqu’ils seront taxés, les propriétaires de Mistral AI qui représente une valeur d’environ 13 Mds pourront s’acquitter de leur taxe en payant l’Etat en nature avec des titres de l’entreprise ou en échelonnant le paiement.
A titre d’exemple, les trois fondateurs de Mistral détiennent chacun environ 10% des parts de l’entreprise. Pour payer la taxe, ils devraient s’acquitter chacun d’environ 26 millions d’euros. En payant en nature avec des titres de l’entreprise, dans 10 ans sans faire de bénéfice, la part de l’Etat passerait de 0 à 6% du capital et de 30% à 24% pour les fondateurs. Une évolution sur 10 ans loin d’être rédhibitoire.
L’état, quant à lui, pourrait faire le choix de revendre ses actions aux salariés de l’entreprise ou de les garder dans un fonds souverain et interdit la revente de ses parts à des non-résidents.
Mais n’oublions tout de même pas que les principaux actionnaires de ces entreprises sont des fonds d’investissement, notamment étrangers. Le capital de Mistral AI appartient en plus des 3 fondateurs, à pléthore d’actionnaires individuels (dont Xavier Niel, Rodolphe Saadé, l’ancien patron d’Alphabet Eric Schmidt, etc.) capables de payer leurs impôts, et à des investisseurs américains. Celui de Doctolib est réparti entre les fondateurs, les salariés et une quantité d’investisseurs institutionnels donc arrêtons la mauvaise foi !
L’argument préféré du MEDEF est de dire qu’une taxe trop lourde décourageait l’installation d’investisseurs et d’entrepreneurs. Mais là encore, de quoi parle-t-on ?
Le seuil de 100 M€ écarte complètement les PME, boulangerie de quartier et autre “outil de travail” des entrepreneurs classiques ! Seules les fortunes colossales sont concernées. À titre de comparaison, la taxe foncière représente souvent plus de 2 % du patrimoine des ménages modestes. N’est-ce pas légitime de demander la même chose aux milliardaires ?
Alors évidemment, avec la nomination du bébé Macron à Matignon alors que certains se voyaient déjà en haut de l’affiche (coucou Olivier Faure !) voilà que l’heure serait au compromis et au dialogue certains avançant que nous pourrions mettre en place cette taxe, mais uniquement à un niveau de 1%.
Que nenni ! Le chiffre de 2% ne sort pas de nulle part. Il s’agit du taux minimal pour garantir que les milliardaires ne payent pas moins en proportion de leur revenu que les autres catégories sociales, un principe simple de justice sociale et fiscale.
Aujourd’hui, jamais les inégalités n’ont été aussi marquées et violentes.
Jamais les riches n’ont été aussi riches et les pauvres n’ont jamais été aussi pauvres. Il est urgent d’agir et de mettre en place ces mesures de justice sociale et fiscale. Le soutien à cette taxe est grand car au-delà de Gabriel Zucman, son concepteur, cette taxe est soutenue par une myriade d’économistes.
Ainsi, le 7 juillet 2025, sept prix Nobel d’Économie (Esther Duflo, Paul Krugman, Joseph Stiglitz, Daron Acemoglu, George Akerlof, Abhijit Banerjee, Simon Johnson,) publiaient une tribune pour inviter la France à mettre en œuvre une telle mesure !

La concentration de richesses atteint des niveaux extrêmes : les 500 premières fortunes françaises possèdent 1 228 milliards d’euros, contre 124 milliards en 2003 (+890 %). Les 10 premiers milliardaires détiennent à eux seuls 400 milliards. Même en perdant 99 % de leur fortune, ils resteraient milliardaires. Plus que jamais il s’agit tout simplement de faire respecter l’égalité devant l’impôt, d’en finir avec la sécession des plus riches, que les plus grosses fortunes payent enfin leur juste part pour permettre la transition écologique et sociale dont notre pays a tant besoin. Aujourd’hui nous avons gagné la bataille de l’opinion publique.