Vendredi 20 décembre, j’ai visité l’école Victor Hugo, dans la ville de Yerres. Située entre la cité des Tournelles et le cours de l’Yerres ( donc sujette aux inondations régulières), l’école primaire est composée de 12 classes. J’été guidé dans ma visite par Monsieur Moreau, le directeur de l’école, et Madame l’inspectrice de la circonscription, merci à eux.
La particularité de l’école: une classe ULIS, accueillant 10 enfants TSA ( trouble du spectre de l’autisme).
Ouverte en 2019, cette classe est une chance pour les élèves, qui sont trop laissé pour compte dans le département. Les chiffres parlent d’eux mêmes malheureusement et les IME, en nombre insuffisant sont eux aussi surchargés et ont une liste d’attente de… 9 ans ! Les élèves TSA au sein de l’école Victor Hugo sont accompagnés d’une maîtresse et de deux AESH, qui prennent en charge le temps de récréation, parfois la cantine, et le temps pédagogique avec les parents, nécessaire pour le bien être des enfants.
Un engagement total
Cette situation exceptionnelle est rendue possible grâce à la disponibilité et à l’engagement du corps enseignant. La maîtresse qui s’occupe de la classe ULIS n’a bénéficié d’AUCUNE formation particulière, ni sur le traitement des enfants handicapés, ni sur la pédagogie forcément à adapter au développement inégal des 10 enfants. Sans des personnes ultra motivées et dévouées corps et âmes pour ces enfants jamais cela ne pourrait fonctionner.
Ouverte sans conditions optimales au tout début pour les travailleurs éducatifs, cette classe est une chance pour les enfants et leurs familles , qui bénéficient d’une inclusion dans la vie scolaire. Mais il y a 5 ans, les élèves pris en charge n’étaient pas seulement TSA, ils avaient un handicap bien plus lourd, qu’une structure scolaire ne pouvait pas prendre en charge. Enfants non-verbaux, non-propres, très violents… le secteur éducatif ne peut pas servir à pallier l’incurie de l’état. La maîtresse a subit des agressions physiques sévères, et deux professeurs dont le directeur de l’école sont partis aux urgences mais leur amour pour les enfants et pour l’égalité des chances a toujours su prendre le dessus sur tout le reste.
J’ai eu la chance de pouvoir assister à des activités dans la classe ULIS. Matériel adaptées, supports visuels, musique d’ambiance et lumières douces… tout est fait pour apaiser et diminuer les stimulis extérieurs. Une prise en charge spectaculaire de tout le personnel de l’école a été nécessaire pour meubler cette classe, qui était intégralement vide lors de l’ouverture de la classe il y a 5 ans. Encore une fois, la solidarité des enseignants a permis à ces enfants de s’adapter, de se sentir bien et d’apprendre dans des conditions saines. Ce que l’académie n’avais apparemment pas pris en compte… avoir des bonnes idées c’est bien, y mettre en plus des moyens, c’est mieux ! Il a fallu une collecte de jouets, de jeux, dans toute l’école pour faire face aux balbutiements de la hiérarchie.
La maîtresse est arrivée pratiquement au début de la mise en place de cette classe. Mais le personnel n’était pas préparé, les enseignants n’étaient pas formés, et les AESH manquaient.
« L’insertion oui, mais pas à n’importe quel prix.»
Le manque de moyen se fait sentir encore dans l’école, ou sans la formidable solidarité du personnel, les enfants pâtiraient du manque de fournitures et de matériels pédagogiques, du manque de personnel, d’encadrement.
Plus globalement, la situation des écoles est en berne. L’Essonne est le département en plus mauvaise situation : élèves sans affections, peu d’AESH et en grande précarité… il n’y a pas une semaine où je ne reçois pas un message de parents d’élèves inquiet de voir leur enfant ne pas avoir d’enseignant remplacé et permettant ainsi d’assurer la continuité éducative même si l’enseignant titulaire est absent.
Pour les élèves handicapés, la situation est encore plus grave. Il n’y a aucun IME qui propose de la place, et à la sortie de l’école Victor Hugo, les élèves et leurs familles se retrouvent sans aucune solution. Les collèges et lycées n’ont pas de classes aménagées, sans places disponibles dans les ULIS, les enfants retournent à la maison. Ils perdent tous les acquis durement appris, et régressent rapidement. Un élève ULIS de l’année dernière a été obligé de partir en Belgique pour être pris en charge dans le système scolaire. En France, il n’y avait pas de solution pour lui.
Cette situation est inacceptable.
Le manque de moyen alloué à l’école publique grandit avec les gouvernements successifs, qui ne font que taper sur des fonctionnaires au bout de leurs forces. Les équipes enseignantes tiennent à bout de bras une école de plus en plus fragile et en souffrance.
L’école est le pilier de la citoyenneté et du vivre ensemble. Nous avons besoin de plus d’AESH, plus de pédagogie adaptée aux enfants différents, plus de prise en charge et de connaissance du handicap.
Il nous faut une réponse politique à un problème politique !
Un immense bravo à tout les acteurs permettant à cette classe d’exister et d’aujourd’hui, avoir toute son importance dans le dispositif de l’école Victor Hugo.
Il faut former et titulariser les actuels AESH, garantir une place de chaque élève dans un établissement adapté (ULIS, IME…), augmenter le n’ombre d’enseignants et baisser le nombre d’élèves par classes. Nous proposons de créer un véritable service public d’accompagnement des élèves en situation de handicap, avec un nouveau corps de fonctionnaires et un service de 24h pour un temps plein.
Nous devons réformer l’école, et mettre au centre les compétences et les expertises des enseignants et des accompagnants.