Le 4 juin 2025, l’Assemblée nationale a examiné une proposition de loi visant à faciliter le don de sang, de plasma et de plaquettes pour les salarié·es, en autorisant leur absence du poste de travail pour réaliser un don.
Une initiative que nous avons soutenue, mais à laquelle nous avons souhaité apporter des correctifs importants. Car donner son sang n’est pas un acte anodin. C’est un geste profondément humain, un acte de solidarité, un choix de société. Or aujourd’hui, seuls 3,5 % des personnes en âge de donner le font. Et l’Établissement français du sang (EFS) tire régulièrement la sonnette d’alarme : les stocks baissent, la France reste dépendante d’importations de plasma.
Un droit en apparence… mais sans garanties
Oui, cette proposition de loi va dans le bon sens. Mais elle reste, hélas, largement insuffisante.
Le texte donne à l’employeur un droit de refus quasiment illimité, sans obligation de justification, ni protection particulière pour les salarié·es. Rien n’est prévu pour éviter les pressions ou les discriminations dans l’entreprise. Un·e salarié·e qui s’absente pour un don pourra-t-il ou elle être pénalisé·e lors d’une promotion ? Lors d’une rupture conventionnelle ? La question reste entière. Nous avons donc défendu plusieurs amendements pour encadrer ce droit :
- Réduire le délai de prévenance de deux jours à un jour : pour plus de souplesse et de réalisme.
- Limiter le droit de refus de l’employeur aux seuls services essentiels (santé, énergie, transports…).
- Imposer une motivation écrite et transmise au CSE en cas de refus.
Ces amendements visaient à garantir que ce droit ne soit pas théorique, mais réel et effectif pour tous.
Un enjeu spécifique pour les salarié·es des services essentiels
Nous avons aussi porté un amendement spécifique pour les travailleuses et travailleurs des services publics essentiels — celles et ceux qui font tourner le pays : soignants, cheminots, agents de réseaux, enseignants… Leur quotidien est souvent incompatible avec les horaires classiques des collectes de sang. Nous avons donc proposé de leur accorder :
- une demi-journée pour un don de sang ou de plasma,
- une journée pour un don de plaquettes,
- ou un temps de récupération équivalent si le don est effectué en dehors de leurs heures de travail.
Ce n’est pas une faveur. C’est une mesure d’égalité et d’intérêt général.
Un service public du sang à bout de souffle
Derrière cette proposition de loi, c’est aussi la situation de l’EFS qui est en jeu. Comment appeler à la mobilisation citoyenne, quand on laisse l’établissement public dans une situation tendue, avec des effectifs réduits et des moyens insuffisants ? La solidarité ne peut pas reposer uniquement sur le volontariat des individus. Elle a besoin d’un cadre public fort, éthique, financé, organisé. Nous avons rappelé les principes non négociables qui doivent guider notre politique du sang, qui sont : le bénévolat, l’anonymat, la gratuité et la non-marchandisation du corps humain.
Le sang ne doit pas devenir une variable d’ajustement budgétaire !
Un vote pour ouvrir une porte, et continuer le combat
Nous avons voté POUR ce texte. Parce qu’il envoie un signal. Parce qu’il ouvre une brèche. Mais nous continuerons de défendre un véritable droit au don, inscrit dans la loi, protégé, accessible, et soutenu par un service public à la hauteur. Donner son sang ne devrait jamais être un privilège, encore moins une prise de risque professionnelle. C’est un acte de solidarité collective. À nous d’en garantir l’accès pour toutes et tous.
Retrouvez ma prise de parole à la tribune de l’Assemblée nationale ici !