Le découvert bancaire, un luxe bientôt interdit aux précaires ?

Selon un sondage récent, près d’un quart des Français basculent dans le rouge dès le 16 du mois. Pendant ce temps, les banques empochent des frais records, souvent dans l’ombre.

Alors pourquoi ? Sûrement pas par plaisir, mais tout simplement parce que les revenus stagnent, les dépenses explosent… et les banques en profitent : frais d’intervention, rejets de prélèvements, intérêts abusifs : ces « petits riens » bancaires pèsent lourd, surtout pour celles et ceux qui n’ont pas le luxe de finir le mois sereinement.

Et pourtant, au lieu de renforcer la régulation et la transparence bancaire, une directive européenne — et surtout sa surtransposition brutale par Macron et sa majorité — s’apprête à transformer le découvert bancaire… en crédit à la consommation.

Une réforme injuste, et bien française

La directive européenne, adoptée à l’initiative de la gauche européenne (et notamment votée par nos député·es LFI), visait à mieux informer les client·es et éviter les pièges du surendettement. Elle ne prévoyait aucunement de traiter les découverts comme des crédits à la consommation.

Mais en France, Macron et ses alliés ont choisi de surtransposer cette directive par ordonnance. Résultat : à partir du 20 novembre 2026, les découverts supérieurs à 200 € seront soumis aux règles strictes du crédit à la consommation.

Autrement dit : la banque devra vérifier vos revenus, vos charges, votre historique bancaire et votre solvabilité avant de vous accorder un simple découvert.

Ce que ça change, et pour qui ?

• Si le dépassement est inférieur à 200 €, peu de changement pour le moment.

• Mais au-delà de 200 €, ce sera : étude de solvabilité, consultation du fichier des incidents de paiement à la Banque de France, contrôle du taux d’endettement (35 % maximum autorisé).

Résultat : des millions de foyers modestes, aux revenus faibles ou irréguliers, seront exclus du découvert.

Selon l’UFC-Que Choisir, 45 % des Français·es sont à découvert au moins une fois par an, pour un montant moyen de 223 €. Autant dire que cette réforme touche tout le monde, mais frappe d’abord les plus précaires.

Une réforme aussi absurde qu’inhumaine

Le découvert n’est pas un luxe. C’est un outil vital pour boucler la fin de mois, faire face à un imprévu, éviter un rejet ou une coupure.

Ce que propose le gouvernement, ce n’est pas de lutter contre la précarité. C’est de la punir.

  • Cette réforme ne réduit pas le besoin de découvert : elle ajoute des barrières.
  • Elle ne protège pas contre le surendettement : elle l’organise.
  • Elle ne régule pas les banques : elle les protège, une fois encore.

Et pendant ce temps, les banques prélèvent jusqu’à 80 € par mois de commissions d’intervention, 50 € par chèque rejeté, engrangent 6,5 milliards d’euros par an en frais d’incidents (source : UNAF 2022).

Même les banques se disent “sceptiques” face à cette réforme… qui ne leur posera aucun problème financier mais leur permet de mieux sélectionner leurs clients.

Nos propositions

À La France insoumise, nous refusons que les banques fassent payer la misère ! Nous exigeons :

  • L’abandon pur et simple de cette réforme injuste.
  • La réduction drastique des frais liés aux découverts (intérêts, commissions…).
  • La création d’un service public bancaire, garantissant à toutes et tous un compte digne, un découvert raisonnable et des tarifs transparents.
  • Et surtout : l’augmentation des salaires et des minima sociaux. Parce que être à découvert ne devrait pas dépendre de votre fiche de paie.

Mobilisez-vous !

Nos député·es ont tenté de supprimer cette mesure au Parlement. Nous avons déposé une proposition de loi. Mais face à la brutalité de cette réforme, c’est la mobilisation citoyenne qui fera la différence.

Signez la pétition, participez aux distributions de tracts, et exigeons que la finance serve l’intérêt général, pas les dividendes !