Mission parlementaire sur le rail : un plan d’action pour sauver le train

Pendant six mois, j’ai co-rapporté une mission d’information parlementaire sur le ferroviaire. Nous avons auditionné plus de 80 acteurs majeurs du secteur : syndicats, opérateurs, associations d’usagers, collectivités locales, industriels, élus et chercheurs. Tous ont dressé un constat unanime : le train est en déclin. Réseau vieillissant, petites lignes supprimées, fret ferroviaire abandonné, services démantelés, ouverture à la concurrence précipitée…

Et pourtant, face à l’urgence écologique, à la fracture territoriale et à l’inflation qui rogne le pouvoir d’achat, le ferroviaire est une solution incontournable. Accessible, écologique, structurant : il devrait être au cœur de nos politiques publiques.

Cette mission, présidée par Peio Dufau (PS) et co-rapportée avec Olga Givernet (Renaissance), s’est déroulée dans un esprit transpartisan. Malgré nos clivages politiques profonds, nous avons su travailler ensemble, car l’urgence est trop grande pour se contenter de postures. Nous avons formulé 44 propositions ambitieuses, claires et réalistes, articulées autour de trois grands axes.

Notre rapport est d’ailleurs disponible ici !

I- Un État stratège pour remettre un pilote dans le train

Depuis trop longtemps, l’État s’est désengagé de sa mission de planification. Résultat : un réseau construit en patchwork, avec des inégalités régionales criantes.

Nous demandons une loi de programmation ferroviaire à 10 ans, qui fixe des objectifs de rénovation, de développement et de financement. Il faut une billettique nationale unifiée pour faciliter la vie des usagers, une stratégie industrielle forte pour soutenir la filière et des choix budgétaires clairs : l’abandon des partenariats public-privé, inefficaces et opaques, au profit de l’investissement public.

II- Rénover massivement le réseau pour éviter l’effondrement

Si rien n’est fait, 4 000 kilomètres de lignes pourraient fermer d’ici 2027. Le réseau français, qui comptait 60 000 km à la Libération, en compte aujourd’hui à peine 28 000, dont un quart en mauvais état. L’Autorité de régulation (ART) estime qu’il manque 2,8 milliards d’euros par an pour entretenir et développer le réseau.

Il faut un plan massif de rénovation. La priorité doit aller aux trains du quotidien, dans les zones rurales, périurbaines, les lignes mal desservies. Et ce sont tous les modes de transport qui doivent contribuer au financement du rail, via le principe pollueur-payeur.

III- Faire du fret et des trains du quotidien des priorités nationales

Le fret ferroviaire est passé de 15 % à 9 % des marchandises transportées en vingt ans. C’est une aberration écologique.

Nous proposons de relancer les trains de nuit, de réhabiliter les lignes capillaires industrielles, de rendre le train plus accessible avec une TVA à 5,5 %, une tarification sociale et l’arrêt de la fermeture des guichets. Objectif : 20 % de part modale pour le fret d’ici 2030.

Une feuille de route politique

Ce rapport n’est pas une simple photographie du déclin : c’est une feuille de route politique. Le ferroviaire est un pilier de la transition écologique, un levier de cohésion territoriale et un outil de justice sociale.

Il n’est pas trop tard. Mais il faut agir vite. Le nouveau ministre des Transports, Jean-Pierre Farandou, aura une responsabilité historique. J’espère qu’il saura écouter plus attentivement que ses prédécesseurs les professionnels, les syndicats, les usagers, les experts. Car des solutions existent. Elles sont concrètes, réalistes, déjà portées par le terrain. Il est temps de leur donner les moyens d’agir.

Redonner au train les moyens de ses ambitions, c’est investir dans l’avenir de notre pays. La République a besoin du rail pour rester sociale, écologique et solidaire.

Sur ce sujet, retrouvez ma vidéo de compte rendu en commission du Développement durable et de l’Aménagement du territoire ⤵️

ainsi qu’en conférence de presse avec mon groupe parlementaire la France insoumise !