Situation du ferroviaire en Grande-Bretagne

PHOTO MOMENTUM

Vendredi dernier j’ai eu la chance d’échanger avec des membres de la direction de Momentum, un mouvement politique britannique, situé à gauche du parti travailliste. Deux membres de la direction de ce mouvement, madame Rachel Godefrey Wood (représentante du groupe de coordination de Momentum) ainsi que Ollie Hill, (membre élu de la direction de Momentum) ont fait le déplacement et ont été reçu à l’Assemblée nationale. 

Une occasion de dialoguer avec ce mouvement situé du même côté de l’échiquier politique que la France Insoumise, et surtout de parler de la question du ferroviaire. En effet, le Royaume-Uni a été l’un des premiers pays à ouvrir ses lignes de chemin de fer à la concurrence, et s’en mord actuellement les doigts ! 

Le système ferroviaire britannique a connu d’importants bouleversements au cours des dernières décennies, passant par une privatisation complète dans les années 1990, suivie de diverses réformes et d’une tendance récente vers une renationalisation partielle.

Privatisation dans les années 1990

Sous le gouvernement de John Major, les chemins de fer britanniques ont été privatisés entre 1994 et 1997. La privatisation a été mise en œuvre en divisant British Rail en plusieurs entités :

  • Infrastructure : Les voies ferrées et les gares sont devenues la responsabilité de Railtrack, une entreprise privée.
  • Services de trains : Des opérateurs privés ont obtenu des concessions pour exploiter les services de transport de passagers, via des franchises régionales.
  • Matériel roulant : Les trains eux-mêmes ont été confiés à des entreprises de leasing indépendantes.

L’objectif affiché était d’augmenter l’efficacité et de réduire les coûts pour l’État. Cependant, cette fragmentation a conduit à une coordination complexe entre les acteurs, des coûts opérationnels élevés et des scandales liés à la sécurité, notamment après des accidents majeurs.

Retour à la nationalisation partielle

Face aux critiques sur la performance du système privatisé, Railtrack a été remplacé en 2002 par Network Rail, une société publique, pour gérer l’infrastructure. Plus récemment, certaines franchises ont été récupérées par l’État après la faillite ou l’échec d’opérateurs privés. De plus, le gouvernement britannique a annoncé en 2021 le lancement de Great British Railways, une entité publique destinée à centraliser la gestion des infrastructures et des services sous une direction unifiée.

Conditions des cheminots

La privatisation a transformé le statut des cheminots, passant pour beaucoup d’entre eux d’un emploi sous une structure publique unifiée à des contrats avec des entreprises privées. Les salaires, les conditions de travail et les opportunités de progression régressent largement selon l’opérateur employeur, alimentant des tensions syndicales régulières. Récemment, des ont été organisées, pour une meilleure rémunération et des conditions de travail stables​.

Défis actuels

  • Investissements insuffisants : Malgré des hausses de financement, le réseau reste vieillissant dans de nombreuses régions.
  • Fragmentation : La séparation entre gestion des voies et exploitation des trains complique l’efficacité.
  • Hausse des tarifs : Les billets de train britanniques figurent parmi les plus chers d’Europe, ce qui suscite des critiques récurrentes.
  • Nationalisation progressive : Le parti travailliste a proposé de rapatrier les franchises à mesure qu’elles expirent, ce qui pourrait rapprocher le système d’un modèle de service public