Parlement Européen : Stop à la mort au travail !

Deux jours au Parlement européen pour dire stop à la mort au travail ! J’étais invité par Marina Mesure et Anthony Smith, députés européens insoumis et membre du groupe The Left les lundi et mardi 18 et 19 novembre.

Merci à Marina Mesure et Anthony Smith pour avoir été à l’initiative de ce colloque essentiel ! Pendant deux jours, le Parlement européen a été le théâtre de discussions cruciales sur un sujet trop souvent passé sous silence : la mort au travail. Ce fut une occasion unique de poser un constat clair et d’échanger autour de solutions concrètes pour y mettre fin.

Chaque jour, en Europe, 9 salariés perdent la vie dans le cadre de leur emploi.


En France, ce sont 2 personnes par jour en moyenne qui meurent dans un accident du travail. Ces chiffres officiels, déjà alarmants, sont pourtant sous-estimés car ils n’incluent pas les suicides liés à des conditions de travail insupportables. Ces drames reflètent un problème systémique grave qui exige une action urgente.

En tant que travailleur du rail, syndicaliste, parlementaire, et Français, ces chiffres me touchent particulièrement. D’autant plus que la France est tristement la première en Europe en matière de prévention et de gestion des risques professionnels.

Témoignages et réflexions au cœur du colloque

Pendant ces deux journées, des chercheurs, inspecteurs du travail, familles de victimes et militants ont pris la parole pour éclairer les causes de ces drames et tracer des pistes d’action.

Parmi les témoignages marquants :

  • Celui des cordistes en colère, qui dénoncent les conditions précaires et les risques mortels de leur métier.
  • Les paroles bouleversantes du collectif Familles Stop à la mort au travail, qui propose un terme fort pour désigner ces drames : l’employicide.

Ces récits qui nous rappellent que derrière les chiffres se cachent des vies et des familles endeuillées, avec une société qui peine à entendre leur souffrance.

Identifier les causes et pointer les responsables

Il ne suffit pas de constater l’ampleur du problème ; il faut aussi en comprendre les causes profondes :

  • Formations à la sécurité bâclées ou inexistantes, exposant les travailleurs à des risques évitables.
  • Manque de soutien psychologique, alors que de nombreux travailleurs font face à des traumatismes sur leur lieu de travail.
  • Culpabilisation des victimes, qui se retrouvent souvent pointées du doigt plutôt que protégées.
  • Invisibilisation médiatique, rendant ces drames anonymes et empêchant une prise de conscience collective.

Ces problèmes concernent tous les secteurs, mais ils sont particulièrement aggravés par les politiques néolibérales des 30 dernières années. La recherche constante de rentabilité à tout prix et l’obsession du profit par le patronat sont criminelles. Elles sacrifient la vie humaine sur l’autel de la productivité.

Une directive européenne pour le “zéro mort au travail”

Il est possible de changer les choses. Le colloque a permis d’avancer sur une proposition ambitieuse : une directive européenne pour le zéro mort au travail.

Pour y parvenir, nous devons :

  • Mettre en place des campagnes de prévention massives, en particulier pour faire connaître des droits essentiels comme le droit de retrait.
  • Sanctionner lourdement les entreprises criminelles qui mettent en danger la vie de leurs salariés.
  • Respecter la parole des victimes et de leurs familles, en leur offrant un accompagnement digne et en reconnaissant leur souffrance.
  • Augmenter les moyens humains et financiers pour l’inspection du travail, afin qu’elle puisse jouer pleinement son rôle de contrôle et de prévention.

Arrêtons d’invisibiliser ces tragédies. Luttons pour un monde du travail où personne ne perdra sa vie en voulant la gagner.

Merci à tous les participants, intervenants et militants pour leur engagement et leurs propositions. Ensemble, faisons de cette directive une réalité.